EUTHANASIE. -- Gilles Antonowicz, avocat au barreau de Grenoble, était présent samedi au centre universitaire de La Couronne pour un débat sur ce sujet de société épineux. Il répond à nos questions
« Le droit de mourir reste une liberté à conquérir »
: Propos recueillis par Brice Dupont
Quelle est votre position sur le sujet ?
Gilles Antonowicz.
Au bout d'un moment, les soins palliatifs ne servent plus à rien. Il faut s'avoir arrêter. En France, la loi du 22 avril 2005 sur le droit des malades en fin de vie autorise le « laisser-mourir ». C'est bien, mais elle ne résout pas tout. Elle permet seulement au médecin d'arrêter le traitement ou la machine qui maintient en vie le patient. Il peut mettre une semaine avant de mourir. Il serait plus judicieux d'autoriser les injections létales.
Prenons l'exemple récent d'Hervé Pierra, un jeune de 25 ans qui était dans le coma depuis six ans. Ses parents ont pensé qu'il fallait mieux le laisser partir. Le médecin a débranché la sonde gastrique, la seule chose qui le maintenait encore en vie. Ce jeune a mis six jours avant de mourir. En lui donnant un sédatif, il serait mort en cinq minutes. Cela aurait été un peu plus humain, pour le patient et sa famille.
La société est-elle prête à accepter l'euthanasie ?
Lorsqu'ils sont sondés, les Français se disent à plus de 80 % favorables à cette « aide active à mourir ». Cette pratique est d'ailleurs déjà en vigueur dans notre pays. Chaque année, environ 100 000 personnes meurent dans les services de réanimation. 20 % d'entre elles sont aidées à mourir, en leur injectant un sédatif. C'est interdit, mais cela se fait.
Au mois de mars prochain, un docteur et une infirmière seront jugés aux assises de Périgueux. Ils sont poursuivis pour avoir aidé une patiente à mourir. Ils seront certainement acquittés, comme cela est désormais souvent le cas lors des jugements sur l'euthanasie.
Pourquoi un tel intérêt de votre part pour ce sujet ?
Selon moi, c'est l'une des dernières libertés à conquérir. Nous avons réussi à faire abolir la peine de mort, à obtenir l'avortement pour les femmes, il reste maintenant ce droit essentiel à décider de sa propre mort. C'est aussi une démarche un peu égoïste. Je pense à moi aussi, et je me dis que je n'ai vraiment pas envie de finir ma vie sur un lit d'hôpital, maintenu en vie pour je ne sais quelle raison.