MIGRATIONS. -- Poitou-Charentes figure parmi les régions les moins attractives pour les jeunes diplômés du supérieur, qui s'échappent faute de trouver un emploi
La fuite des cerveaux
: Agnès Lanoëlle
Poitou-Charentes fait partie des régions françaises les moins attractives pour les diplômés supérieurs, au même titre que la Corse, le Languedoc-Roussillon, le Limousin, le Centre ou encore Champagne-Ardenne. Telle est la conclusion du rapport qui a été rendu par l'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) concernant le recensement de la population picto-charentaise. Si la région attire toujours plus de migrants, avec plus de la moitié de la croissance de la population régionale localisée en Charente-Maritime, en revanche la Charente est le plus mauvais élève des quatre départements avec une augmentation de la population entre 1999 et 2005 estimée à seulement 4 300 personnes (contre 36 200 pour la Charente-Maritime). Pis, la région Poitou-Charente fait partie des cinq régions françaises affichant les plus importants déficits migratoires de jeunes âgés de 20 à 29 ans.
Parmi eux, les jeunes diplômés du supérieur. Faute de trouver un emploi à la fin de leurs études, ces derniers s'en échappent vite, à la recherche de destinations plus accueillantes. 24 % d'entre eux rejoignent l'Ile-de-France, qui arrive en tête devant l'Aquitaine, les Pays de la Loire et la région Centre. La difficulté à les retenir, notamment les plus diplômés d'entre eux, tient à une offre insuffisante d'emplois qualifiés. En effet, « le système productif régional se caractérise par un faible taux d'encadrement », commente l'Insee.
Contraste. Mavinig Gorge pourrait être l'illustration parfaite du phénomène décrit. A 25 ans, cette Bretonne vient de passer cinq ans à Sup de Co La Rochelle. L'année dernière, fraîchement diplômée en marketing et communication d'entreprises, elle ne s'est pas obstinée longtemps. « J'avais déjà compris pendant mes stages : "Petites structures, petites primes." On m'a toujours proposé des salaires précaires et des missions ponctuelles », raconte-t-elle.
Conséquence : elle est vite partie rejoindre son compagnon, ingénieur informaticien à Bordeaux. Pourtant, ce n'est pas l'envie qui manque au couple de revenir dans la région. Aujourd'hui, le couple est dans l'attente d'une mutation pour retourner en Bretagne. « Nous aurions vraiment voulu remonter à La Rochelle. Mais nous n'avons ici aucune opportunité. Il y a un contraste entre la ville ultra-dynamique en termes d'animations et d'activités et celle qui ne peut pas recruter les jeunes qu'elle forme », constate la jeune femme.